Phoebe

Un alignement de planètes. Au commencement, Phoebe c’est la rencontre demusiciens tous passionnés par la pop, le jazz, le groove et la soul. Une galaxieartistique assez vaste mais déjà maintes fois explorée par ces jeunes musiciensexpérimentés : Coline au chant, Siméon à la guitare et au saxophone, Nicolas auxclaviers et Xavier à la batterie.

Des amis, mais le projet Phoebe se réfère davantage à une Titanide de la mythologiegrecque qu’au personnage de Phoebe Buffay Hannigan de la série Friends. C’est quePhoebe aime jouer avec les codes pour bâtir son propre univers. Comme beaucoupd’artistes de leur génération, les musiciens de Phoebe décloisonnent les styles etdéconstruisent les esthétiques. Dans cet exercice périlleux, Phoebe parvient à érigerune oeuvre singulière, maitrisée et passionnante.

On parlera plus d’osmose que de fusion. Ici, le jazz offre une place de choix à la voixde Coline tout en plaçant le chant comme un instrument à part entière dans legroupe. Le jazz revigore la pop par sa dynamique et les possibilités d’improvisationqui en découlent. Une pop qui s’accorde donc bien des largesses avec les structures,les sonorités et décuple sa richesse harmonique. Une musique très actuelle àl’écoute des sonorités urbaines. Mais une fois de plus, Phoebe se plait à prendre lecontre-pied en privilégiant l’organique à l’électronique pour ne jamais fermer la porteà l’improvisation ; préférant arpenter que métrer. Un appel à explorer un universluxuriant.

Phoebe c’est donc cette forme musicale bien particulière mais aussi des contenus.Violences faites aux femmes, harcèlement de rue, fin de l’innocence…Se frotter aumonde extérieur sans pour autant négliger ses démons intérieurs. Un foisonnementparfaitement agencé et totalement raccord avec ce que le parcours d’une jeunefemme offre comme enchevêtrements paradoxaux et réagencements dialectiques.Rendre sensible et poétiser ce "beau bordel".

Un pouvoir d’évocation où l’on songera à l’univers graphique d’Elene Usdin, auxpeintres nabis, à la déconstruction des cubistes, à certaines oeuvres de GeorgiaO’Keefe. Autant de pigments sensoriels révélés par une musique pratiquant les pasde côté comme Hiatus Kaiyote ou Rohey.

Riche, dense et précieux, Phoebe est difficile à cerner : l’essence de la liberté.